LE BASSA-BAKOKO EST-IL CÔTIER (SAWA) ?
Aujourd?hui encore, le débat sur « qui est, ou n?est pas Sawa» est encore d?actualité sur la côte camerounaise. C?est dans ce débat qu?est par moment, soutenue la thèse selon laquelle les Basa et les Bakoko, ne maitrisant pas l?eau, auraient cédé les berges du Wouri à leurs hôtes et par là même, le contrôle de la région. Illustrons cette pensée par cette interview (1) du chef supérieur Deido, SM. Essaka Ekwala que nous résumons en ces mots :
« Le peuple Sawa aujourd?hui a deux composantes ; une ethnologique et une géographique. Dans la composante ethnologique on retrouve les purs Sawa ; les Douala, les Bakossi, les Bayangui, les Bakweri, les Miniè, et les Mbo?. Les Basa et les Bakoko sont considérés comme côtiers parce qu?ils se sont retrouvés au cours de leur migration dans une région côtière ».
(1)- Pouala culture n° 0028/ août 2006
Si nous saisissons bien le sens des paroles de SM Essaka Ekwala, originellement, des trois groupes autochtones de la côte camerounaise, seuls les Douala et apparentés seraient les vrais hommes de l?eau, héritiers direct du nom Sawa, ce terme désignant aujourd?hui les bancs de sable (plage) du littoral camerounais. Il se trouve que ce genre d?affirmation avait encore à prospérer tant que la définition du terme « SAWA » et l?origine du groupe Douala restaient à définir. Maintenant qu?il est clair que le groupe Douala est une combinaison des familles Bassa et Bonambongo de l?embouchure du Wouri restées sur les bords du fleuve après la migration dans l?hinterland des autres familles et que « Sawa » est la fidèle traduction en Kingala (appellation originelle de la langue Douala) du nom du chef de file du groupe Basaa des bords du Wouri (le patriarche Saa) dont le nom épousa dans un premier temps les contours de l?embouchure du Wouri avant de s?étendre au-delà des côtes Camerounaises (2), on comprend combien peuvent être dangereuses et prétentieuses, de telles déclarations. Cependant, si SM Essaka voulait simplement réactiver la polémique sur la non appartenance des familles Basaa et Bakoko à la grande famille des peuples de l?eau, alors, le débat devient intéressant.
(2)- Basaa veut dire, les gens de Saa. En confondant le nom du groupe Bassa au nom Basaa de son rameau de l?embouchure du Wouri à la phonologie identique, les portugais vont lui attribué le nom antique ??Biafra?? du groupe Bassa qui va s?étendre des côtes du Gabon à ceux du Nigeria à l?origine de l?appellation Baie ou golfe de Biafra.
Tout d?abord disons sur l?origine du nom Sawa que bien qu?hier les Basaa fussent les seuls à soutenir qu?à l?origine, la signification du nom Sawa était, paie, rétribution, et que par glissement ce terme a fini par désigner la plage et ses occupants, des voix s?élèvent aujourd?hui au sein du groupe Douala pour donner la même signification au terme Sawa.
En effet dans l?émission « vendredi soir » du 14 décembre 2012 sur Equinoxe TV, animée par ??ma Su??(Suzanne Kala Lobe), le patriarche Manga Manga, le frère puiné du feu chef supérieur, le prince René Bell, chercheur en histoire et en linguistique déclarait en substance sur l?origine et la signification du nom Sawa:
« Le terme Sawa désigne les habitants de la côte camerounaise. En particulier les premiers occupants de la région ; les Bassa et les Bakoko et les Bonagala (Bonambongo et assimilés) tard venus ».
A la question de Ma? Su sur l?origine du terme Sawa, il répondra :
« La côte étant par excellence le lieu d?échange avec l?extérieur, les autres peuples vont désigner ceux de la côte par le terme Sawa qui signifie ?? payer ou paie?? »
Mais, il se trouve que cette explication pose un problème. Car le terme Sawa faisant partie du lexique Bonambongo, les peuples de l?intérieur ne pouvaient nommer ceux de la côte dans une langue qui leur était inconnue.
C?est le lieu de soutenir qu?en dehors de leurs ancêtres éponymes ou des noms totémiques auxquels les peuples peuvent, dans leurs langues se référer, leurs autres noms leur venaient des peuples qu?ils rencontraient le long de leur parcours migratoire. Ces noms leur étaient toujours donnés dans les langues des peuples donateurs. Pour ne citer que quelques exemples, nous avons le nom Bakoko qui vient du terme Mikoka (sable, plage) des Malimba ; nous avons le nom Bambèlè du groupe Bassa qui vient du terme Mbètchè (Machette dans une langue du Sud), par rapport à leur prédilection pour cette arme au moment des guerres tribales ; nous avons le nom Bamiléké qui viendrait de ??Ba bambè be léké?? (porteur de masque à l?occasion des danses rituelles) dans la langue Douala.
Maintenant qu?il est clair qu?aucun peuple de l?intérieur ne pouvait donner le nom Sawa aux occupants de la côte Camerounaise, seuls les tard venus (Bonambongo) étaient à même de le faire sur les côtes camerounaises où ils trouvent les Bassa et les Bakoko. Et il se trouve que le terme Sawa vient de leur langue.
Relevons que pour la majorité des chercheurs, le nom Sawa de la côte camerounaise serait né sur les bords du Wouri. Or, maintenant qu?il est connu que dans sa transcription en Kingala, le nom du chef de file du groupe premier occupant de l?embouchure du Wouri, de qui dérive le nom Ba Saa, est Sawa.En principe, ses descendants devraient dans cette langue être appelés Bonasawa ou Sawa tout court, comme les Loghom sont, dans cette langue devenus les Bonewouma ; les Logkul, Bonaku ; les Loghot, les Bonadiwoto.... Et il se trouve que c?est aux noms Bonasawa et Sawa qu?après avoir étés adoptés sur la côte camerounaise, les Bonabongo se reconnaitront. Ce qui est conforme à la tradition Bantu liée à l?adoption. Or, si une certaine lecture de l?histoire du groupe Bonambongo n?écarte pas tout simplement le nom Sawa de ses vrais héritiers, elle le lui attribue par complaisance. Ce qui devient dérangeant.
Maintenant, revenons au débat de fond pour relever que bien que la pensée ambiante voudrait attribuer un passé marin à ??la composante ethnologique?? Bonambongo (auquel SM voudrait lier dans son entièreté le groupe Douala) avant son installation sur les côtes camerounaises, rien jusqu'à ce jour ne l?établit formellement. Pour ce qui est des Bassa et des Bakoko, les vestiges historiques ne laissent aucun doute sur leur présence sur le littoral Camerounais avant tous les autres groupes. Et, le long de leur migration ils n?ont eu de cesse de s?établir, même momentanément, que prioritairement en bordure des cours d?eaux ou des lacs. Nous n?avons qu?à nous référer à la présence des Bakoko aujourd?hui sur les bords des principaux fleuves du Cameroun, l?installation du groupe Bassa le long de la Sanaga et du Nkam, et l?installation d?une fraction de ce groupe à l?embouchure du Wouri au XVe siècle. Sans oublier l?installation de son rameau du Nigeria à l?embouchure de la Bénoué et du fleuve Niger et son passé tout autour du lac Tchad entre le 3e et le 9e siècle.
Ignorant complètement le passé des groupes Bassa et Bakoko sur le littoral camerounais depuis le XVe siècle, certains chercheurs continuent jusqu?à aujourd?hui à présenter les Bonambongo et apparentés comme des éternels pêcheurs, et les Basaa-Bakoko comme des agriculteurs nés. Les auteurs de ces thèses oublient d?individualiser les glissements des peuples vers des terres fertiles, des grands pâturages, des eaux poissonneuses ou alors, face à différentes attaques ou sinistres.
A ce sujet, le chercheur Dika Akwa relève :
« ?Des historiens font de certains peuples des pâtres errants de la préhistoire à la colonisation. D?autres sont présentés en éternels pêcheurs, ou en agriculteurs ataviques. Pourtant un examen approfondi démontrerait sans difficulté que l?aire écologique atteinte durant la migration, peut changer un peuple de pasteurs en celui de pêcheurs. L?exemple le plus frappant est le cas des Ngala-Douala du Bas-Cameroun. Les caractéristiques qui prédominent chez eux ramènent vers un univers de pasteurs, pourtant, ils se présentent depuis quelques siècles déjà, comme d?excellents « gents de l?eau », navigateurs et commerçants. Les Ngala du Zaïre n?échappent pas à la règle » (3).
(3)- Dika Akwa « Les problèmes de l?anthropologie et de l?histoire africaines », p. 134, Edition Clé 1982
Dika Akwa vient de trancher le débat ; les Ngala (Bonabongo) étaient des éleveurs avant leur installation sur les côtes Camerounaises. Et, ceci pouvait se vérifier il y a un siècle par leur physique de type éthiopien qu?une petite partie conservait encore en dépit d?un long métissage sur les côtes Camerounaises. S?attardant sur le physique Bonambèdi, nos parents nous ont instruits que « Les Bonambèdi étaient des hommes de petit poids, élancés et hauts en taille avec de longues jambes ». Cette description de l?homme Bonambèdi ne renvoit-elle pas au physique Peul où Masaï typique à la zone sahélienne ?
Si une aire écologique peut changer un peuple de pasteurs en celui de pêcheurs ou vice versa, alors les Bassa, mais surtout les Bakoko seraient les vrais côtiers de ce pays ; car parmi les peuples qui occupent aujourd?hui le triangle national ils sont, avec les Basaa du Wouri, ceux qui ont en premier atteint et occupé les côtes camerounaises. Nous avons encore en mémoire les combats que les Bakoko ont livrés aux Bapuk-Batanga pour limiter leur progression, et aussi comment les Bonambèdi ont occupé les côtes Camerounaises.
C?est le lieu de relever, pour plus d?éclairage, que plus d?un clan aujourd?hui classés dans le groupe Bonambèdi sur la côte tels les Abo, les Subu, les Bonkeng et une partie des Mbôô (pour ne citer que ceux-là), ne sont autres que des foyers Basa ou Bakoko qui ont plus ou moins subi un apport Bonambong et une influence de la langue Kingala. En plus, il n?est un secret pour personne que la partie la plus significative des fleuves, y compris l?océan qui arrosent notre pays sont en rapport direct avec le territoire Bassa-Bakoko. A la question suivante, que les esprits fertiles répondent de manière conséquente :
« Comment un peuple peut-il baigner dans l?eau et ne pas maitriser les activités y collatérales et périphériques ? »
En aval de la présente étude, une attention particulière devrait être portée sur parcours migratoire Bonambongo pour relever qu?à l?opposé de la pensée ambiante, c?est en longeant les côtes qu?ils se sont retrouvés sur le littoral Camerounais (4).
(4)- René Bureau. « Recherches et études camerounaise, Ethno-sociologie religieuse des Douala et apparentés » 1962 ? 1&2 p. 25
Par successives migrations, ils se sont retrouvés dans la région qui est aujourd?hui le département de l?océan où les Pygmées les ont initiés aux techniques de pêche donc, à l?usage conséquent des eaux. A ce sujet, René Bureau relève :
« Après la guerre entre les Bantu et les Musulmans, il y eut beaucoup d?évadés qui partirent dans toutes les directions. Au moment de leur arrivée dans la région, les Douala furent d?ailleurs surpris de rencontrer ces petits hommes familiers de la forêt qu?ils appelèrent Bawea (Pygmées), qui leur enseignèrent probablement les techniques de pêche.... (5)»
(5)- René Bureau. Ethno-sociologie religieuse des Douala et apparentés p. 26
L?aire écologique aidant, quelques décennies auraient suffi, situation accélérée semble-t-il comme aux côtés des Basaa sur les bords du Wouri, pour qu?ils rompent définitivement avec leur millénaire passé de pasteurs aguerris.
L?histoire rapporte qu?après avoir été initiés à la pêche au niveau de ce qui est Kampo aujourd?hui, les descendants de Mbèdi maîtrisent quelques techniques de cette activité mais, pas la magie de l?eau. Ce serait un peu plus tard, à leur étape d?Edéa qu?ils entrent, sous l?initiation des Bakoko, en contact avec la haute mer et la déesse « Sima », qu?ils nomment ensuite « Njengu ».
Un récit Douala de l?association IBB relève sur ce chapitre:
« ? comme ces enfants étaient restés à Bangalè du vivant de leur père Mbongo, à sa mort ils ne supportèrent plus de rester. Ils abandonnèrent Bangalè, ils descendirent vers Idiè (Edéa). Arrivés à Edéa, ils trouvèrent Malé. Malé reconnut ses frères et les reçut comme il faut. Ils restèrent dans ce lieu et y construisirent des cases tous ensemble. Malé à cette époque connaissait bien le pagayage et la pêche. Il était considéré comme un homme de la famille des mengu, un « Mulongo », c?est-à-dire un noble. Malé avait épousé une fille venant de la famille de Jengu. Cette fille s?appelait Djébalè (Njé Mbalè), fille d?Idiè. C?est pour cela que Malé connaissait tout ce qui concerne l?eau : la pêche, la nage etc? la famille de Malé fut appelée Djebalè par ses frères. Ce sont les Bonamagalè qui ont appris aux frères de Malé à bien connaitre l?eau et à entrer dans la famille des miengu » (6).
(6)-René bureau « recherche et étude camerounaise ; ethno-sociologie religieuse des Douala et apparenté » p321 numéro spécial 1962.
A la lecture de ces différents récits, il ressort qu?au niveau de Kampo, les pygmées auraient initiés les Ngala (Bonabongo) de la côte camerounaise à la petite pêche. Précédant le groupe à l?étape d?Edéa, Malé sera initié à la grande pêche et au rite des Bissima (Jengu) par ses beaux-frères Bakoko. Il est donc clair que c?est au niveau d?Edéa qu?après avoir été anoblie par alliance que Malé sera initié aux rites des Bissima. Ce cercle initiatique n?étant réservé qu?aux nobles. Ses frères seront initiés à leur tour au niveau de Pitti par les Bassa de Log Ngas. Il faut noter que dans l?un de nos ouvrages, « origine Bassa du nom et du groupe Douala », nous avons avec éloquence, démontré que Bangalè et Bonamagalè étaient deux déformations du patronyme Bangahè, du nom du groupe Log Ngas dans la langue Kingala. Signalons aussi que par les différentes langues de la région, ce groupe est connu aujourd?hui sous les noms ; Log Ngah, Longas, Longahè, Bonagassè ou Loungahé.
Par toutes ces données, l?appartenance au peuple de l?eau ne peut être niée à aux Bassa-Bakoko. Ce n?est donc davantage une recherche des raccourcis, que de soutenir que le fait pour ce peuple d?avoir des ensembles sociaux sur les hauteurs signifierait qu?il ne ferait pas partie de la famille des hommes de l?eau. Et si telle serait la constance, que justifierait l?appartenance des Mbôô dans la famille des hommes de l?eau dès lors qu?ils vivent en hauteurs ?
C?est le lieu de soutenir que l?installation des peuples sur leurs sites aujourd?hui est la conséquence de multiples migrations qui les ont rendus aptes à s?adapter à tout milieu. De notre point de vue donc, sont fragiles, toutes ces thèses qui n?orientent pas vers la même conclusion.
Aujourd?hui, des voix commencent à s?élever au sein même du groupe Douala pour reconnaître une installation paisible des Bonambèdi et la forte présence du groupe Basaa au moment de l?installation des mêmes Bonambèdi sur les bords du Wouri. La thèse de l?invasion maintenant difficile à établir, sans gêne, ses auteurs ont vite fait d?imaginer une autre, celle de la rencontre d?un peuple à demi-sauvage ne maitrisant pas l?eau, subjugué par un peuple de grande expérience marine et commerciale venu de loin, bravant vagues et tempêtes, essaimant çà et là des colonies avec la bénédiction des maîtres des lieux qui, les prenant pour les descendants des Dieux (Miengou) leur auraient abandonné les rives.
Seulement, les récits et les écrits des navigateurs portugais décrivant la région du Golfe de Guinée au début du 16e siècle foisonnent aujourd?hui. Et, certains attestent du passé marin Basaa. Il en est ainsi de celui de Duarte Pacheco Pereira parvenu jusqu?à nous par les soins de René Gouellain qui rapporte :
« ?Il existe de nombreuses descriptions semblables (de la région). Quelques-unes fournissent des indications sur le commerce de l?époque et sur les populations côtières traitantes. Ainsi, l?ouvrage de Duarte Pacheco Pereira, paru vers 1508, indique que sur le continent, face à l?île de fernando Poo, se vendent des esclaves pour 8 ou 10 bracelets de cuivre par tête, des défenses d?éléphant pour un bracelet de cuivre la défense, et de la malaguette de bonne qualité, il y révèle, en outre, qu?aucun commerce n?est pratiqué avec les gens du Rio dos Camaroes, dont il admira les pêcheries. Quant à l?île de fernando Poo, elle l?étonna pour sa fertilité : la canne à sucre y poussait fort bien » (7).
(7)- René Gouellain « Douala ville et histoire » Paris p. 43
Si vers 1508 la traite est régulière sur les îles environnantes et pas sur le Rio dos Camaroes, cette réalité ne confirme-t-elle pas l?effectivité de l?installation Basaa dans la région autour de cette date ? Pourtant, les pêcheries du Rio dos Camaroes (le Wouri) occupées exclusivement par les Basaa à cette époque se distinguaient déjà des îles environnantes et des côtes du Nigeria.
Maintenant que le sujet devient captivant, intéressons-nous au nom d?un objet d?art, qui hier, faisait la beauté des pirogues qui sillonnaient le fleuve Wouri, la renommée du groupe Douala et de ses artistes ; le ??Tangué??, la proue de pirogue. L?origine de ce terme, dont l?étymologie n?est décodable que dans la langue Bassa est une preuve tangible du passé marin du groupe Bassa en général et particulièrement du groupe Bassa des bords du Wouri dont les héritiers étaient maîtres dans l?art de la fabrication de cet objet rituel.
Le terme Tangué dans les langues Bassa et Douala est composé de deux racines TAN et NGUE dont seule la langue Bassa a les significations; ??Tan?? qui signifie sculpter, dessiner, tracer ; ??Ngué?? qui indique la divinité. Tangué veut donc littéralement dire ; sculpter une divinité sur une pirogue.
En effet, dans la cosmogonie du groupe Bassa des bords du Wouri, pour se protéger des esprits maléfiques des profondeurs, chaque pirogue devait être montée d?une proue. Pour leurs réalisations, chaque propriétaire de pirogue ou son artiste allait de son inspiration et de son doigté, d?où leurs formes et motifs variés qui, en s?inspirant de la nature et de l?environnement, ont fini par faire de ces proues, des objets d?exposition de haute valeur artistique.
Bien que n?ayant aucun rapport avec l?eau, un terme d?origine Bassa qui fait aujourd?hui partie du lexique Douala, vient ici conforter l?origine Bassa du mot Tangué du vocabulaire Douala. Il s?agit du terme sontanè (sontan chez les Bassa) qui, composé de deux racines ; Song (tombe, enfoncé) et Tanè, dérivé du mot Tan (graver etc? et auquel s?ajoute maintenant d?autres sens, ??retenir??, ??saisir le sens??). Dans une société d?oralité comme la nôtre, en s?enfonçant dans l?oreillon, le savoir ne devait-il pas être gravé dans le cerveau pour être conservé ? Avant que le blanc ne découvre la gravure du CD au laser, par une langue Bantu, nous pouvons soutenir que le noir maitrisait déjà le procédé.
Loin de ne démontrer que la richesse des langues Bantu, le passé marin Bassa-Bakoko et l?héritage culturel Bassa du groupe Douala, ces deux exemples établissent formellement que c?est sur la côte camerounaise que les Bonambongo entrent réellement en contact avec la haute mer. C?est aussi sur ces côtes qu?ils entrent sous l?initiation de leurs prédécesseurs ; les Bakoko et les Bassa, en contact avec le culte de la déesse Sima, déjà établi sur les embouchures des fleuves Sanaga, Dibamba et Wouri, qu?ils appelleront plus tard, Jengu.
La polémique sur le passé marin des groupes Basaa et Bakoko s?amenuisant, il devient incontestable que c?est sur les côtes camerounaises que les Bonambèdi, tout comme les Basaa et les Bakoko sont devenus, comme le dit si bien le chercheur Dika Akwa ; d?excellentes gens de l?eau.
Votre humble serviteur, Ekwe de Logbissou
Ekwe de Logbissou